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Suite de la dissolution de l’Assemblée nationale

Ala suite de la dissolution de l’Assemblée nationale et à ses élections législatives anticipées, Michel Barnier issus des rangs des Républicains a annoncé son nouveau gouvernement le 21 septembre dernier. L’une de ses priorités annoncées est celle d’une “maitrise de l’immigration” qu’il souhaite traiter entre « humanité et fermeté ».

Lors du processus de constitution de son gouvernement, la question de l’immigration était au coeur des discussions, notamment en lien avec le Rassemblement National, espérant de lui une position claire et conforme à leur programme. En nommant Bruno Retailleau, une des grandes personnalités des Républicains connue pour ses positions fermes sur l’immigration en tant que ministre de l’Intérieur, il répond à cet objectif. Lors de son discours de passation le 23 septembre, il a traduit son objectif avec cette phrase : « Rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre ». Bien que le thème de l’immigration soit aujourd’hui central dans les prises de positions de notre gouvernement et qu’il oriente les débats au sein de l’espace médiatique français, ça n’a pas toujours été le cas. Mais alors, comment expliquer que ce soit un sujet qui mobilise et polarise autant les débats politiques et médiatiques ? Par un rapide retour vers le passé du traitement de l’immigration en France et l’analyse des discours utilisés par les acteurs du champ politique et médiatique, en quoi un changement de paradigme est-il aujourd’hui nécessaire pour une démocratie en meilleure santé ?

1. L’utilisation du “modèle républicain” dans les discours sur l’immigration.

Lorsque nous écoutons les discours des acteur.ices politiques, nous entendons souvent le besoin – voire l’urgence – de défendre le “modèle républicain” et ses “valeurs” face aux dangers que pourrait représenter l’immigration, notamment arabo-musulmane. Ce modèle renvoie à des croyances, représentations et affects au sujet de l’identité nationale qui justifieraient à eux seuls l’institution de politiques publiques d’intégration qui opposerait le.la “bon.ne” réfugié.e du “mauvais1” migrant.e. Parmi ces mesures, nous pouvons retrouver le durcissement du Contrat d’Intégration Républicain (CIR) de l’OFII ou bien des lois encadrant la laïcité2. Ces valeurs républicaines sont aujourd’hui brandies seulement autour des questions d’intégration et d’immigration, ce qui n’était pas le cas autrefois.

Le rapprochement de ces deux questions intervient dans les années 1980 lors de l’arrivée des immigré.e.s venant des anciennes colonies françaises, considéré.e.s comme les “nouveaux arrivants”. C’est à ce moment-ci que la question de l’immigration

commence à se rapprocher de celle de la sécurité intérieure. Nous le remarquons notamment par l’activité législatives : il y a eu 26 lois sur l’immigration depuis 1945, dont la majorité ont été initiées dans les années 1980. Cette période est aussi celle où le Front National commence à accomplir quelques succès électoraux notamment aux municipales de 1983, et l’entrée de 25 députés de ce parti aux législatives de 1986.

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Piter Bowman

Les discours sur l’immigration se déplacent alors vers le terrain moral et culturel. Par exemple, lors d’un dîner rassemblant des sympathisant.es du Rassemblement Pour la République (RPR) à Orléans en juin 1991, Jacques Chirac X dépeint un imaginaire de la cohabitation sociale avec les personnes immigrées par : « Le travailleur français qui habite à la Goutte-d’or et qui voit sur le palier d’à-côté de son HLM une famille avec un père, comme trois ou quatre épouses, une vingtaine de gosses, qui touche 50 000 francs de prestations sociales sans travailler. Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, le travailleur français sur le palier, il devient fou. Ce n’est pas être raciste que de dire que nous n’avons plus les moyens d’honorer le regroupement familial ». Quelques années plus tard, en 1997, Édouard Balladur alors député, reprend la question de la “préférence nationale”, jusqu’alors utilisée par le Rassemblement National. 3

Lors de ces décennies, un basculement s’opère : le discours sur les migrations adopte alors une logique nativiste qui institue une rupture d’égalité entre les « natifs » qui par essence ont une appartenance à la France et les étranger.es, alors exclu.es de cette communauté parce qu’iel représenteraient des problèmes d’appartenance à la nation. Une distinction temporelle hiérarchise alors celluleux né.es sur le sol et les “nouveaux arrivants” qui dès lors n’entreraient pas dans le cadre des normes culturelles, des valeurs républicaines fantasmées. La citoyenneté est alors pensée de manière culturelle, au lieu d’être pensée4. Ceux qui prétendent défendre la démocratie et la république se servent en réalité de celles-ci pour énoncer des propos racistes et anti-démocratique.

2 – L’état de la démocratie française : vers un changement de paradigme ?

Ces discours nativistes, sous couvert de la protection d’un “modèle républicain”, ont contribué à éroder notre démocratie. L’indice de l’Economist Intelligence Unit (EIU), qui a pour mission de classer les démocraties à travers le monde, souligne des faiblesses dans le système démocratique français, notamment en matière de culture politique.

Democracy Index 2023: Age of Conflict – YouTube

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